Histoire de la chèvre angora
Connue 2 000 ans avant J.C au Tibet, c’est dès le 4ème siècle avant J.C que des tablettes de Summer témoignent de la présence des chèvres Angora alors que les grecs de l’antiquité racontent la célèbre histoire de Jason et la toison d’Or.
A partir du 11ème siècle, elle s’ébroue sur les plateaux de l’Anatolie en Turquie, au coeur de la province d’Angora (actuelle Ankara).
Là, se développe le premier artisanat du mohair, mot dont l’origine est Mukhayyar qui signifie « celle qui est choisie, la plus belle ».
Sa brillance, son élasticité, son confort et la beauté de ses couleurs séduisent les sultans et font sa renommée.
En France au 15e Siècle, Jacques Coeur, grand argentier du roi Charles VII, fait venir un troupeau de ces « caprins à poil long, ondulé, doux et propre à la teinture ».
Ce troupeau est installé à la ferme de la « Chevrottière » dans les environs de Saint-Pourcain-sur-Sioule en Allier. On y apprend que le pelage de ces chèvres d’Orient servit pour le tissage précieux de linges liturgiques et d’habits sacerdotaux des moines du prieuré du Montet. Hélas les troupeaux ne survivent pas aux famines de l’époque.
Dès le 16ème siècle, l’Europe commence à importer des fils et des vêtements turcs.
Mais c’est au 19ème siècle qu’elle dispose enfin de fibre brute et développe une véritable industrie du mohair, principalement en Angleterre et en France.
C’est seulement dans les années 80 que des éleveurs français décident de réintroduire des chèvres angora sur le territoire français et de produire du mohair français. Les premières bêtes furent importées des Etats-Unis, alors grand producteur de mohair au niveau mondial.
La rusticité de la chèvre angora lui a permis de s’adapter à tous les milieux et à tous les climats. Cette chèvre, à la toison somptueuse, s’est installée dans les fermes de France et nous comptons bien l’aider à y rester !
Naissance et organisation de l’activité professionnelle du Mohair de France
La production de mohair existe en France depuis le début des années 80. Une poignée d’éleveurs a alors décidé d’élever des chèvres angora et de produire du mohair français.
Le métier d’éleveur est une chose, celui du travail textile en est une/plusieurs autres.
Travaillant dans un premier temps de façon artisanale, les éleveurs de chèvres angora vont rapidement s’organiser pour faire de cette production une activité professionnelle.
Le 14 mars 1982, les éleveurs créent leur Association Nationale: ASECAUM (Association Nationale des Eleveurs de Chèvres Angora et Utilisateurs de Poil Mohair) dont l’objectif est de :
– diffuser l’information entre les éleveurs,
– développer la race,
– défendre les intérêts des éleveurs.
En 1985, une nouvelle organisation de la transformation fait naître la SICA MOHAIR, principale structure de transformation de France.
La SICA Mohair joue le rôle d’interface entre les éleveurs-producteurs de mohair et les entreprises industrielles partenaires, professionnels de la transformation de fibres nobles.
Cette étape va permettre aux éleveurs de :
– vendre des produits finis de haute qualité,
– récupérer ainsi la valeur ajoutée commerciale,
– mieux gérer leurs stocks de produits finis.
Bien que la France importe chaque année autour de 2 000 tonnes de mohair brut pour l’industrie française (soit 10 % de la production mondiale), le marché du mohair brut n’existe pas en France car la production est insuffisante pour intéresser les industries.
La production française, certes très confidentielle jusqu’en 1987 (5 tonnes), connaît un essor dans les années 90.
Cette évolution a amené la production annuelle à se stabiliser autour de 16 tonnes pour 140 éleveurs pour un cheptel d’environ 7000 bêtes au début des années 2000.
En 1999, la production avait même progressé de 10 % répondant ainsi à la demande des consommateurs, à savoir l’obtention d’un produit confortable, de très grande qualité.
Cet engouement pour le mohair n’est pas retombé, et depuis 2000 la production de mohair brut reste importante et régulière.
Le marché du mohair est porteur et les quantités produites en France peuvent nettement progresser.
Structuration de la profession mohair
En 1991, sous l’impulsion de l’ASECAUM et avec l’aide financière de l’OFIVAL, plusieurs études ont été menées afin d’analyser, de quantifier la production française de Mohair et d’apporter quelques éléments de prospective.
Les conclusions de cette étude sont claires : cette production a sa place en France et correspond à un véritable marché (15 % du marché fil à tricoter, 8 % du marché des couvertures en mohair. Estimations 1991) mais souffre d’une image floue, d’une absence de cohésion entre les différents partenaires intervenant dans la production et n’utilise pas son poids économique, certain mais dispersé.
A la suite de cette étude, en 1994, l’Association Nationale des Eleveurs de Chèvres Angora et Utilisateurs de Poil Mohair décide de :
– travailler en filière
– créer un certificat d’origine et de qualité, garantissant au consommateur un produit en mohair français de très haute qualité : la marque « Le Mohair des Fermes de France » est née.
Conformément à ces nouvelles orientations, les éleveurs modifient leurs structures: l’ASECAUM est supprimée et l’Association Interprofessionnelle du Mohair Français voit sa création afin de travailler en filière. Ses 4 partenaires sont :
– l’asssociation Nationale des Eleveurs de Chèvres Angora (ANECA) créé en 1994 et qui représente le collège producteur. C’est l’antenne nationale (= syndicat) dont les fonctions sont la défense des intérêts des producteurs de mohair français, la mise en place de formations, les conseils à l’installation, les informations diverses, les rencontres entre éleveurs, assurer la promotion du mohair français.
– les structures de transformation dont la SICA MOHAIR qui représente le collège transformateur et qui a signé la charte de qualité « LE MOHAIR DES FERMES DE FRANCE »,
– l’UPRA Caprine avec CAPGENES FRANCE – Section angora qui représente le collège génétique,
– les éleveurs de chèvres angora et groupements de commercialisation qui représentent le collège commercialisation.
En 2016, la marque « Le Mohair des Fermes de France » devient la propriété de la SICA Mohair puisque devenue la seule structure de transformation collective appartenant aux éleveurs et l’association Interprofessionnelle du Mohair Français devient l’association Le Mohair des Fermes de France chargée de la promotion de la marque.
Le Mohair des Fermes de France
vous garantit l’origine et la qualité du produit, puisqu’il s’appuie sur une charte de qualité et un cahier des normes techniques.
Des supports promotionnels (film, prospectus et divers petits matériels promotionnels) ainsi que des études textiles mettant en évidence les caractéristiques du « Mohair des Fermes de France » sont mis à disposition des producteurs de mohair.
Pour continuer de progresser, la filière s’oriente vers une charte d’éleveur « Le Mohair des Fermes de France » afin d’aboutir à une cohérence collective en matière de vente, d’environnement, d’élevage et de gestion.
Quelques chiffres sur le Mohair des Fermes de France :
Année | Nombre d’éleveurs | Production (en kg) |
1986 | 30 | 1000 |
1989 | 118 | 12000 |
2002 | 130 | 14000 |
2010
2015 2020 |
140
105 114 |
16000
9500 9500 |